L'importance du lien social : Le travail
- chantalsoins
- 20 juil. 2016
- 3 min de lecture
Quand il est question de fibromyalgie bien sûr, la vie se trouve quelque peu bouleversée, malheureusement sur le long terme ....
Petit à petit, il faut faire face aux arrêts de travail répétés, une trop petite forme pour les sorties, le manque d'énergie pour assumer l'éducation des enfants et la vie avec le conjoint et le reste de la famille ...
La tentation est grande de se replier sur soi-même pour en quelque sorte s'économiser, de se protéger de tout ce qui vient de l'extérieur pour ne pas avoir à subir de nouveaux assauts de la douleur.
C'est ce que j'ai fait, pensant qu'il s'agissait d'une mauvaise passe et que tout allait bientôt rentrer dans l'ordre ; tout d'abord avec les amis, parce que je voulais garder mon énergie pour pouvoir aller travailler comme tout le monde. Les sorties furent de plus en plus espacées, tandis qu'un état d'anxiété et de déprime s'installait face à la résistance de la maladie et aux échecs thérapeutiques.
Pourtant, je me sentais capable de travailler et mon efficacité n'a pas eu vraiment à en pâtir. Je pensais à l'époque en avoir un grand besoin, et j'assumais avec beaucoup de souffrances mon poste d'assistante administrative, au prix de ne plus avoir aucune vie sociale à côté (ou tellement peu ....). Par ailleurs, il me semblait alors indispensable de ramener un salaire à la maison ; nous ne pouvions pas nous permettre la baisse de revenus que l'abandon de mon poste aurait impliquée.
Je partais le matin déjà fracassée de douleurs de toutes sortes, et je rentrais le soir dans le même état, complètement épuisée, sans parvenir à trouver un peu de confort ou de détente, même si je me reposais beaucoup ; mais j'avais tenu un jour de plus .. certainement grâce la prise d'antidépresseurs qui me permettaient de fonctionner tant bien que mal.
Le travail, la maison, les enfants, cela était déjà tellement difficile .... Un vrai combat de tous les jours !
J'ai tenu plus de dix années à ce rythme, jusqu'à ce qu'une capsulite de l'épaule droite me cloue sur place ne me laissant plus le choix.
J'ai eu alors à déplorer un arrêt longue maladie pendant deux ans. Deux années pour me remettre approximativement de cette capsulite, deux années au bout desquelles j'ai tenté une reprise à mi-temps thérapeutique. Échec total, 15 jours ont suffit - même à mi-temps - pour que mon état de santé se remette à se dégrader, me causant de nouvelles limitations et incapacités.
Il a bien fallu que je me rende à l'évidence : incapacité de travail, licenciement, mise en invalidité : voilà comment, en 2009, il en a été fini de mon activité professionnelle.
Fort heureusement, je n'ai eu à déplorer aucune attitude négative de la part de mon employeur, chez lequel j'étais en poste depuis 24 ans, mais au contraire, mon départ s'est passé dans de très bonnes conditions, ce qui m'a certainement rendu le détachement plus aisé.
La thérapie que je suivais à ce moment-là ainsi que des séances de sophrologie hebdomadaires m'ont permis d'intégrer ce "passage" comme un changement positif qui allait m'ouvrir de nouveaux horizons.
Je devrais désormais envisager ma vie en dehors du travail, autrement .... je m'y étais préparée ...
Il est à noter aussi que j'ai eu la chance, dans mon malheur, de ne pas rencontrer trop de difficultés pour un classement en invalidité catégorie II, ce qui, j'ai l'impression, reste encore rare, même aujourd'hui.
Si cette période était à revivre, j'accorderais plus d'importance à mon état de santé qu'à mon travail ; je m'attarderais plus à écouter les signaux que mon corps m'envoie et je respecterais sans hésiter les limitations imposées par la douleur de façon à ne pas continuer de m'aggraver comme çà a été le cas.
Mais l'on est tellement empreints de toutes sortes d'injonctions éducatives et sociétales que l'on en oublie de faire confiance à son propre ressenti !!!
Quel dommage, et quelle perte de temps, d'énergie et de santé pour si peu de bien-être !

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